Opération Commando : Nom de code Sureau
Opération commando : nom de code Sureau ou les aventures tragicomiques d'un cuistot se prenant pour Indiana Jones dans nos campagnes liégeoises !
Sans le savoir, Fabienne m'a blessé dans mon orgueil de cuistot. Je me délecte de ses merveilleuses recettes depuis pas mal de temps mais quelle ne fut pas ma surprise lorsqu'elle publia son billet sur le Sureau. Imaginez-vous que je n'avais pas la moindre idée du goût ni même quel parfum avait cette fleur et en plus son billet présentait comme d'hab des recettes à s'en lécher les babines. Et là, je ne vous parle pas des divines recettes de Tiusha, les frangines, Claude Oliver, Anne et José et de Micky !
Bref, ce mercredi je décidé d'aller à la cueillette (je devrais même dire à la chasse tant la traque fut longue !) de ces fleurs tellement bien mises en valeur par Fabienne.
Avant mon récit, il est utile de préciser que je suis un p'tit gars de la ville, un vrai de vrai. Un de ceux qui ne connaissent les plantes qu'en pots, un de ceux qui ne savent pas ce qu'est marcher sur de l'herbe car les seules pelouses existantes en ville, bin on peut pas marcher dessus !
J'exagère un peu le tableau mais c'est pour vous visualisez mieux la suite.
Je prends la voiture et hop direction la campagne (c'est où la campagne ?) Bin pas très loin puisque j'ai roulé à peu près ¼ d'heure. J'ai tout de suite repéré un petit chemin entre deux prés où paissaient (pas sûr du tout de la conjugaison de ce verbe paître, mais bon, vous avez compris l'idée générale !) de chaque côté du petit chemin de gentilles (quoi que !) vaches.
Je gare la voiture, je prends mon seau et un couteau et hop direction la cueillette des ces merveilleuses fleurs blanches. J'ai tout de suite su que j'aimerais ce que j'allais cueillir tant on pouvait sentir le parfum des fleurs de sureau.
Ce que je n'avais pas prévu, c'est que ces fleurs, pour les avoir, il faut les mériter.
Avez-vous remarqué la taille des orties qui se dressent entre vous et les arbustes tant convoités !! Elles faisaient au moins 2,5 m de haut (oui, je sais j'exagère un peu ! Je dois avoir du sang marseillais dans les veines !) et quand vous essayez de les écraser pour avancer, elles ne tombent jamais du côté que vous voulez. J'étais en bermuda bon sang !
Lorsque vous avez vaincu l'armada des orties, se dresse alors l'artillerie lourde ! Je nomme les chardons avec des épines aussi grandes que des pieux ! Je me serais cru dans un film d'horreur puisque lorsque vous vous dites « Je ne peux plus combattre, tant pis je rentre » vous vous apercevez très vite que les orties que vous croyiez avoir écrasées, et bien elles sont bien plus vigoureuses que ce que vous pensiez ! Elles s'étaient redressées ! Ah ! les sal... ! J'étais entre un rideau d'orties et un rideau de chardon ! Boooouuuuhhhh, je veux rentrer chez ma maman !!!!
C'est à ce moment que survint Ze sursaut inespéré d'orgueil de mâle. En deux trois mouvements avec mon couteau (5 cm de long manche compris !) que j'utilisai comme une machette, je me suis retrouvé devant l'arbuste qui au fur et à mesure que les minutes avançaient me paraissait moins sympa et moins intéressant. J'étais tout ensanglanté mais vivant et à ses pieds !
Tel Indiana Jones à la conquête du Graal, j'aurais dû imaginer qu'un piège en cachait toujours un second. Après avoir vaincu le végétal, arrive la sournoise armée du règne animal ! A partir de ce moment, j'ai compris ce que ressentais Aragorn face aux forces de Sauron dans le Seigneur des Anneaux ! L'horreur dans toute l'acceptation de son terme.
Je sens quelque chose qui frôle mon oreille et d'un geste machinal, je porte la main à l'oreille et je me retrouve avec une araignée d'au moins 50 cm de diamètre sur l'avant bras, une mygale, je vous dis (oui, je sais Marseille n'est pas très loin de Liège !). Il faut savoir que j'ai la phobie des araignées, je hais les araignées, j'ai peur des araignées ! Je hurle, je cours (sur place à cause des chardons) et j'essaye de me calmer !
Evidemment avec tout le boucan que j'ai foutu dans le buisson, je me suis retrouvé nez à museaux avec le troupeau de vaches ! Re-cri ! Moi de mon côté : AAHHH et elles du leur MEUH !
Là, je me suis dit « Mon bon Philou, tires-toi si tu ne veux pas terminer embroché !. J'ai fait fi de la douleur des chardons et des orties, j'ai commencé à marcher et ensuite à courir en m'apercevant que les vaches faisaient la même chose de l'autre côté de la haie !
C'est à ce moment que j'ai entendu « Quel est le c.. qui fait peur à mes vaches ?» C'était la fermière qui n'avait pas l'air moins menaçant que ses bovidés. Pour rappel, ce sont quand même les vaches qui me courraient après et pas l'inverse. Alors toujours en courant, j'ai répondu « c'est moi Madame, mais je m'en vaaaiisss ! »
Heureusement, mon seau était plein de ces fleurs si délicates (elles !).
Comble de l'ironie, je reprends la voiture et me rends compte que je pouvais accéder au buisson par un autre chemin qui lui était sans ortie, sans chardon !
Fin de l'opération commando !
Avec les fleurs de sureau, j'avais prévu de préparer un apéritif avec un muscat d'Alsace, de l'eau de vie et des fleurs d'hibiscus ! Comme je ne sais pas où poussent les fleurs d'hibiscus, il est hors de question que je retourne dans la jungle liégeoise pour y vivre d'autres aventures affolantes. Du coup, direction l'herboriste du coin. Ses fleurs d'hibiscus sont peut-être séchées mais en tous cas je ne finirais pas embroché !
Ce très long prélude (mais je ne pouvais pas passer à côté) pour vous présenter ma recette :
Apéritif au muscat et aux fleurs de sureau et d'hibiscus
Marché pour trois litres
Une vingtaine d'ombrelles de fleurs de sureau
Une grosse poignée de fleurs d'hibiscus séchées
75 cl d'eau de vie de fruits à 45 °
3 bouteilles de muscat d'Alsace
250 gr de sucre semoule
Laver rapidement les fleurs de sureau. A l'aide d'une fourchette, peigner les ombrelles afin de détacher les pétales et de garder le moins possible de tiges.
Les déposer dans le fond d'un bocal fermant hermétiquement, les recouvrir avec le sucre. Refermer le bocal et attendre un jour.
Le lendemain, ajouter l'eau de vie et les fleurs d'hibiscus (qui coloreront en un beau rouge l'eau de vie). Attendre 2 jours et mélanger afin de bien dissoudre le sucre.
Lorsque le mélange prend la consistance d'un beau sirop, ajouter le muscat et laisser reposer quelques jours en cave.