Du blog à l'assiette - Un week-end à Gigondas
Ce week-end, je pensais pouvoir chausser les tongs et enfiler le maillot !
Mais ce ne fut pas le cas ! D’abord parce que la météo m’a prouvé qu’il pouvait faire plus froid dans le sud de la France qu’en Belgique mais aussi parce que l’invitation répondait à la finale du concours dont je vous ai déjà parlé.
Du blog à l’assiette : Le meilleur accord mets et gigondas.
Après plus de 7 heures de voyage en train, c’est Pierre Amadieu, vigneron de la région qui m’accueille à Orange avec un grand sourire.
Même s’il fait froid, je suis frappé par la luminosité du ciel ! Cette luminosité qui nous suivra dans notre ballade dans les vignes aux pieds des Dentelles de Montmirail en compagnie de Nathalie, Anick et Valérie.
Un autre convive nous a suivis pendant toute la ballade : le Mistral. Tellement présent tandis que nous admirions les Dentelles de Montmirail avec ces jolis vignobles à ses pieds tandis que nous vivions l’atmosphère de ce joli village qu’est Gigondas.
Pour le mistral. (Chanson à danser)
Vent mistral, chasseur de nuages,
Tueur de mélancolie, balayeur du ciel,
Toi qui mugis, comme je t’aime!
Ne sommes-nous pas tous deux les prémices
D’une même origine, au même sort
Éternellement prédestinés?
Là, sur les glissants chemins de rochers,
J’accours en dansant à ta rencontre,
Dansant, selon que tu siffles et chantes :
Toi qui sans vaisseau et sans rames,
Libre frère de liberté,
T’élances sur les mers sauvages.
A peine éveillé, j’ai entendu ton appel,
J’ai accouru vers les falaises,
Vers les jaunes rochers au bord de la mer.
Salut! Déjà comme les clairs flots
D’un torrent diamantin, tu descendais
Victorieusement de la montagne.
Sous les airs unis du ciel,
J’ai vu galoper tes chevaux,
J’ai vu le carrosse qui te porte.
J’ai même vu le geste de la main
Qui, sur le dos des coursiers,
Comme l’éclair abat son fouet.
Je t’ai vu descendre du char,
Afin d’accélérer ta course,
Je t’ai vu court comme une flèche
Pousser droit dans la vallée, -
Comme un rayon d’or traverse
Les roses de la première aurore.
Danse maintenant sur mille dos,
Sur le dos des lames, des lames perfides
Salut à qui crée des danses nouvelles!
Dansons donc de mille manières,
Que notre art soit nommé - libre!
Qu’on appelle gai - notre savoir!
Arrachons à chaque plante
Une fleur à notre gloire,
Et deux feuilles pour une couronne!
Dansons comme des troubadours
Parmi les saints et putains,
La danse entre Dieu et le monde!
Celui qui, avec le vent,
Ne sait pas danser, qui s’enveloppe
De foulards, tel un vieillard,
Celui qui est hypocrite,
Glorieux et faux vertueux,
Qu’il quitte notre paradis.
Chassons la poussière des routes,
Au nez de tous les malades,
Épouvantons les débiles,
Purifions toute la côte
De l’haleine des poitrines sèches
Et des yeux sans courage!
Chassons qui trouble le ciel,
Noircit le monde, attire les nuages!
Éclairons le royaume des cieux!
Mugissons... toi le plus libre
De tous les esprits libres, avec toi
Mon bonheur mugit comme la tempête.
Et prends, pour que le souvenir
De ce bonheur soit éternel,
Prends l’héritage de cette couronne!
Jette-la là-haut, jette-la plus loin,
A l’assaut de l’échelle céleste,
Accroche-la - aux étoiles !
Friedrich Nietzche "Le Gai Savoir" (1882)
C’est précisément Place du Village que nous nous rendons chez Laurent Deconinck à l’Oustalet pour un somptueux diner « spécial truffes ».
La balade, le diner, le Mistral, les merveilleux vins servis ont tôt eu raison de nous puisqu’à 23 heures nous étions dans nos chambres pour un repos bien mérité.
Le lendemain, rendez-vous dans les cuisines de Laurent où un commis (de luxe) nous était attribué. C’est Cyrillo qui m’a aidé à mettre en place mon plat pour une trentaine de personnes. Une ambiance très décontractée où on pouvait voir une jolie complicité naître entre binôme mais également entre les candidats.
Le cuberdon, véritable découverte pour l'ensemble des invités
(merci Valérie pour la photo)
Parmi ces trente personnes, un jury composé de Laurent Deconinck, Alain Senderens, juré d’honneur et parrain de cette première édition, Nathalie et Louis Barruol, vigneron au domaine Saint Cosme ; les autres convives étant des vignerons de la région.
Les plats se succèdent auprès des invités, mêlant les créations de Laurent et les plats des trois candidats.
Menu
Domaine Les Goubert "Les Favoris" blanc 2011
Domaine de Longue Toque rouge 2009
Montirius "Terre des Aînés" rouge 2009
Gigondas La Cave "Le Brut du foudre 56" rouge 2009
Sphère Chocolat, sorbet cacao "pure" |
Lors de la présentation des plats, chaque candidat a du prendre la parole pour expliquer notre démarche quand à la recherche du plat correspondant au millésime que nous avions reçu.
Aussi bizarre que cela puisse paraître dans des situations pareilles ma timidité que l’on décèle facilement dans les 3 premiers mots font place à une véritable émotion de bonheur. Je pourrais parler pendant des heures !
(Merci Gigondas Rhône Valley pour la photo)
Si aucun des candidats n’a démérité, c’est Anick qui s’est montrée la plus efficace et une fois de plus je lui réitère toutes mes félicitations.
Une journée pareille n’a pas de prix !
Vous savez, je tiens ce blog depuis quasiment 6 ans maintenant. Et la rencontre avec des professionnels tels que ces vignerons, chefs, producteurs, tous de réels passionnées est en fait la vraie raison qui me donne l’énergie pour continuer ce blog, partager avec les lecteurs ce que je ressens, ce que je vis.
J’aime découvrir, dans ce cas présent, ces hommes et ces femmes qui par amour de leur terre se battent pour fournir, certains avec plus de bonheur que d’autres, un vin de qualité. Ils nous parlent de leur terroir, du savoir acquis aux fils des générations avec passion.
Le message que j’ai pu percevoir pendant ce week-end est assez clair. Les gigondas sont des vins où le facteur humain est très important ne fusse que par la multitude des cépages ou des terroirs (terres) autorisées dans l’appellation. Les vignerons que j’ai rencontrés étaient réellement à l’écoute de ce que nous avions à raconter aux travers de nos plats. Certainement que les mots que nous utilisons pour évoquer nos sensations, nos émotions sont différents de ceux d’un œnologue mais à aucun moment on n’a pu douter de leur sincérité. Notre approche a pu parfois en surprendre plus d’un (je pense notamment à l’évidence de la betterave avec le vin) mais à chaque fois elle a fait mouche.
Gageons que cette rencontre entre les blogueurs cuisine et le gigondas est la première d’une longue série et si vous ne pouvez attendre cettre prochaine recontre, je vous invite à découvrir un superbe livre primé il y a peu : Gigondas, ses vins, sa terre, ses hommes.
(cliquer sur la couverture du livre pour en découvrir une vingtaine de pages)